Dire les sons du monde, ceux qu'on s'échange entre espèces sans en saisir quelque parole, mais en vibrant par l’effet du même instrument naturel.
Dire la situation qu'indiquent les étoiles, la grande ourse, pointant vers l’astre polaire, observée au Sud comme au Nord. S'orienter avec son être et au milieu de quoi on se tient, réactiver l'intelligence des émotions, des sens, des récits...
Dire sous nos pieds le frémissement aquifère du champ des sources, sentir le réseau omniprésent des racines, ces grands bras enfouis des arbres couronnant le petit bosquet où l'on vaque souvent à notre subsistance. Arbres d'avenir, vénérés...
Dire la félicité de s’affairer, sans cesse, à participer à ce grand maillage. Affiner ses savoir-faire, développer des artisanats. Comprendre comment retrouver sa place, s'alléger des inquiétudes imposées.
Dire qu'une figure s'affirme dans nos milliers de gestes saisonniers, qu'elle a l'évidence toute tracée d'une partition, la distance trompeuse d'une constellation.
Dire qu'on habite avec d'autres êtres une forêt, une prairie, un vallon, dire que dans le clos érudit du jardin, il y a l'ivresse des mondes infinis.
Et dire tout ce que vous y entendrez, vous.